Simona Modreanu
La revista Ágora tiene el honor de publicar dos relatos de la escritora rumana Simona Modreanu. Presentamos en este avance, el primero de ellos. La traducción del francés es de Fulgencio Martínez.
Le
piège spéculatif *
Simona Modreanu
Au
bout de son fil invisible, le cube traversait inlassablement le miroir.
Insouciante, Tibéria le laissait aller et venir, vaguement curieuse de la
légère transformation dont il faisait l'objet; sa disparition de l'autre côté
de la glace ne l'inquiétait guère mais, à chaque retour -qu'il signalait d'une
imperceptible tension du fil-, il surgissait un peu plus grand, dans une
rotation plus impertinente et, surtout, avec une image supplémentaire greffée
sur une de ses faces. C'était souvent elle-même, à des âges différents et dans
des hypostases parfois inédites, la plupart du temps drôles, rarement
menaçantes. De bébé dodu en adolescente mutine, de femme choyée en grand chat
rieur aux yeux bleus, de mégère dépenaillée en abrutie au crâne rasée et au
regard impavide, tout y passait, jusqu'à la mort, dans le vertige tournoyant
des réels en puissance. Les images qu'il charriait n'étaient jamais immobiles,
elles souriaient, parlaient, hurlaient, se tordaient, se tassaient sur
elles-mêmes, s'allongeaient, dormaient, subissaient toutes sortes
d'anamorphoses, prisonnières libres jusqu'au seuil d'une nouvelle vision. Elle
surgissait parfois du regard changeant de Tibéria. Mais le cube ne la laissait
pas aboutir, il emportait l'esquisse dedans. Ce n'était pas entièrement
exclu de le voir revenir un jour avec l'impression du déroulement envisagé par
la jeune fille. Ironie tardive; entre temps, elle aurait oublié. Cependant, il
y avait un moment précis où, le cube partant -avec un rien d'agressivité-
pour son sixième passage à travers le miroir, Tibéria bandait tout son corps en
une crispation puissante qui arrêtait le mouvement. Elle jouait à repousser
toujours un peu plus les limites, donc la secousse pouvait se produire lorsque
le cube était déjà dedans, peut-être même en train de recevoir dans sa
chair dure la dernière empreinte vivante. Comme elle lâchait le fil, il y
restait. Elle savait qu'après un laps de temps bien défini, il lui reviendrait,
roulant sagement à ses pieds, amenuisé et nettoyé, prêt à recommencer. Elle
s'en voulait mollement de ne pas avoir le courage de pousser jusqu'au bout.
Mais justement, de bout, elle n'en voulait pas, même si sa finalité meurtrière
n'était pas avérée. Une chose accomplie meurt, figée, le mouvement ne
s'accommodant pas de la perfection. C'est ce que lui disait son ami aux yeux
verts. Le cube continuait de bouger courant de reflet en reflet, aucun speculum
ne lui rendant en propre le saisissement complet et correct de son image. Qu'il
s'agît des miroirs déformants, ouvertement grotesques, ou du perfide miroir des
couturiers, chargé de 'gommer' les rondeurs excessives des clientes fortunées,
en passant par des fantaisies plus ou moins romantiques -tel cet immense
miroir truqué d'un prince hindou qui aimait faire l'amour aux femmes sous ses
feux étincelants, mais qui s'estimait trop petit et trapu et ne souhaitait donc
jamais se confronter à son double authentique-, il pensait que, au-delà de la
fonction utilitaire communément admise, le miroir dérobe tout ou une partie du
moi à son propriétaire. Les milieux naturels ne sont pas plus cléments,
ajoutait-il; l'eau fait trembler les contours, tandis que les yeux de l'autre,
aussi aimants et purs fussent-ils, fragmentent et ridiculisent en fin de
compte. Que faire donc? Où aller pour se regarder en face sans que quelque
chose entre soi et soi ne ricane imperceptiblement devant l'identification
imparfaite? Tibéria songea que ce pouvait être la sixième image, celle qu'elle
refusait toujours de voir, craignant moins une éventuelle surprise que la fin
probable du jeu. Curieux que les sens obliquent ainsi, éludant l'intégrité,
comme si l'être ne pourrait se supporter tel quel et qu'un espace protecteur,
atténuant, lui fût indispensable. L'ouïe ne s'en porte pas mieux, se dit-elle,
l'enregistrement le plus perfectionné n'arrivant pas à reproduire la voix qu'on
entend dans ses oreilles et, la première fois du moins, on se sent frustré,
comme atteint dans son unicité, celle que seule donne la conscience de soi.
*
* *
Le cube roula à ses pieds comme
prévu. Au fait, il n'était pas toujours nu quand il revenait. Il lui arrivait
de ramener des images 'obligatoires', comme si la mémoire lui imposait de
reconsidérer certaines choses, mal digérées, et de les remettre à leur place.
C'était le cas ce jour-là. La grimace de l'homme immobilisé en un long cri fit
se dresser les cheveux sur sa tête. Elle le croyait enfoui celui-là, dans la
poubelle des mauvais souvenirs scellée à jamais. En vérité, Tibéria n'avait pas
encore avalé ce qui représentait à la fois une immense peur et une terrible
blessure d'orgueil. La vieille dame lui sourit, encourageante: les truismes
sont peut-être les seules vérités vécues; chasse le regret de ta vie, le poison
qu'il y répand vaut l'incapacité dans laquelle on se trouve à changer quoi que
ce soit et l'inanité de toute reconstruction rétroactive.
Elle était très jeune à l'époque, mais s'estimait mûre et sage. En décidant de
prendre quelques jours de liberté dans la capitale, juste avant son mariage
insensé, elle avait choisi cet espèce d'hôtel 'belle époque', chic et délabré,
attendrissant et bon marché. À l'évidence, une ancienne résidence particulière
opulente, que les maîtres du moment s'étaient appropriée, la transformant en un
endroit bizarrement découpé et presque impossible à gérer, sans parvenir à
l'amputer de son charme décousu. Elle y avait élu domicile, un peu par défi, un
peu par intérêt réel. Ça faisait pension huppée de l'entre-deux-guerres, il y
avait une sorte de concierge, dont les affectations complémentaires ne
trompaient personne, et surtout un salon, en bas, où se trouvait le seul poste
de télévision de la maison et où se rassemblaient, le soir, la plupart des
'clients'. L'espace réduit et la précarité de l'installation déterminaient une
convivialité un peu forcée, quoique chaleureuse, surgie du besoin de communication
et, plus encore, d'une forme de solidarité dans ce que l'on supposait être un
privilège par rapport aux arrangements anodins qui parsemaient la vie de tout
un chacun.
Le premier soir donc, Tibéria se livra à une estimation globale. Pas
grand-chose à relever; quelques vieux décrépits auxquels on pouvait davantage
prêter des nostalgies sur le retour que des affaires pressantes, deux ou trois
individus neutres, ingénieurs probablement, visiblement ennuyés à mourir par
leur 'délégation' et impatients de rentrer chez eux. Toutefois, une paire
d'yeux bleus tristes et désemparés, brillants d'esprit, se détachaient à côté
d'une carrure sportive, supportant un port de tête hautain et un regard
dominateur. Consciente d'être à peu près la seule femme convenable de
l'assemblée, Tibéria ne tarda pas à remarquer les jeux de rapprochement des
deux paires d'yeux lui signifiant un intérêt différent. Elle se laissa faire.
Les yeux bleus venaient d'une grande ville unversitaire de l'ouest, maîtres de
conférence doucement blasés, intelligents et ruminants. Flatteurs mais timides
et raseurs, décréta-t-elle. Restaient les autres, insolents et troublants.
Exactement ce qu'elle cherchait bêtement dans la vie. Avec les yeux bleus, la
discussion était parfois passionnante, souvent traînante. L'autre, le sportif,
l'ennuyait globalement et l'intriguait dans le détail. Il écrasait tout le
monde de sa présence et pourtant, son assurance était aussi légère que
palpable. On le sentait là, sans qu'il s'évertuât à y être plus que les
autres. Tibéria tomba dans le piège. Elle le jugea malin mais inoffensif. Et
accepta l'invitation à dîner au bord du lac, par un beau soir d'été précoce.
Les serveurs, qui semblaient bien connaître son compagnon, étaient aux petits
soins pour elle, lui tournaient autour, déposaient des friandises sur la table
et s'éclipsaient discrètement. Elle se laissait gâter avec ravissement, en
oubliant jusqu'au spectre du miroir qui allait la hanter bientôt. Avant de se
montrer, il commença à s'insinuer dans ses rêves, dans ses visions, dans ses
réflexions diverses. Il était souvent là, proche et lointain, grandiose dans
ses dorures baroques, translucide jusqu'à se confondre avec l'éther, aimant de
mort et de plénitude. Dans le long couloir sombre dans lequel elle errait sans
avoir envie de trouver une sortie, il était soudain apparu au bout, onde
lourdement miroitante. Elle avait ressenti l'appel comme un choc paralysant et,
d'un coup d'épaule, s'était débarrassé du poids du réel et s'était mis à
avancer, d'un pas égal et souple, vers l'abîme. Le bord, les mains qui
s'agrippent, la bouche insolente et tordue, en un éclair, elle vit tout. Mais
le soir embaumait et Tibéria, doucement grisée, souhaitait rentrer se coucher.
Pour elle, c'était fini; elle avait bien payé de sa présence et de sa
gentillesse attentive un somptueux dîner, maintenant, il fallait clore le jeu.
Sauf que lui ne l'entendait pas de cette oreille. Brusquement, il la prit par
la main et l'entraîna dans le parc sombre qui ouvrait ses ténèbres à côté du
restaurant. Elle n'en menait pas large mais, comme elle connaissait mal la
ville, préféra penser qu'il prenait un raccourci pour rentrer et décida de ne
pas trop le contrarier sur le chemin, car sa force physique dégageait une odeur
d'implacable qui lui donnait des frissons. Il n'alla pas loin et s'arrêta pour
l'embrasser avec la même impatience brutale de tout à l'heure. Tibéria avait
toujours adoré que les hommes la prennent dans leurs bras pour la caresser et
la cajoler, seulement là, le danger pointait clairement sous les intentions à
peine voilées. Les mains qui la parcouraient sans tendresse ni ménagement
écartaient tout et elle se trouva aux prises avec un désir délirant qui ne
demandait qu'à être satisfait sur place. L'horreur la glaça dans un premier
temps, puis, la conscience du danger aiguisa sa lucidité, la nettoyant de tout
résidu de vin ou de rêve et, sur-le-champ, elle bâtit son plan. La stratégie à
déployer devait être des plus soyeuses et subtiles, car l'homme était sur sa
lancée et tout obstacle le rendait farouche. Un fantôme qui s'écoulait à
travers l'obscurité de l'allée lui vint en aide; il tempéra un peu ses ardeurs.
À force de petites caresses et de chuchotements complices, elle l'amena lentement
vers la sortie et le poussa dans un taxi. Reprenant entièrement possession de
ses moyens, Tibéria se paya même le luxe de la vérité dans l'équivoque, les
propos qu'elle tenaient à l'homme ne pouvant, à une lecture rigoureuse, être
interprétés en termes de promesse d'étreinte. Seulement, le fauve était loin
d'être dompté et, tout en faisant semblant de sommeiller, il préparait sa
nouvelle charge. Encore une fois, elle se laissa aveugler par son ingénuité.
Apprendre à regarder simultanément des deux côtés du miroir, elle ne le savait
pas encore. Plus tard aussi, d'ailleurs, elle manqua le moment de la
coïncidence. Elle eut beau se déconnecter du monde, n'en gardant qu'une très
vague impression qui la retenait dans son envol sans l'entraver, elle eut beau
marcher droit sur le reflet d'elle-même, attirée par le glissement de l'ombre
dans la lumière qui, paradoxalement, rehaussait les contours en les estompant.
Le pressentiment du point de jonction l'allégeait et la portait. Jamais elle ne
se serait arrêtée toute seule. Mais une main secourable se posa fermement sur
son bras. Dedans, quelque chose se brisa. Elle ignorerait donc toujours si le
passage était défendu par une résistance matérielle ou si la frontière fluide
pouvait l'engloutir d'un trait. Déconcertée, avant de sortir son pied du rêve,
elle murmura comme à regret: J'ai failli entrer dans mon image. Oh, le
cynisme de la langue concentré dans ce 'faillir', adjuvant hypocrite d'une
action presqu'aboutie, ou signifié univoque de l'échec ! Haine et amour des
mots, une vie déchirée dans la recherche du silence enceint de tous les
non-dits...
Confiante à nouveau, sous le pâle éclairage de la Réception, devant le
concierge dont la mine ahurie la rassurait, Tibéria essayait de se séparer
gentiment de son soupirant. Il insistait pour l'accompagner dans sa chambre au
troisième étage, elle inventait monts et merveilles pour le lendemain, arguant
de sa fatigue. Soudain, il sembla céder et la jeune fille, surprise et
peut-être même un peu déçue d'emporter si facilement la manche, se hâta de
gagner sa chambre. La disposition des lieux était pour le moins curieuse. De
fait, les anciens appartements de l'immeuble avaient été divisés en chambres
d'hôtel, ce qui faisait qu'involontairement, on cohabitait en quelque sorte
avec les autres occupants des pièces attenantes. Tibéria se croyait seule dans
son grand espace qui se composait d'un minuscule hall d'entrée qui donnait sur
le salon, large, plein de vieux meubles dépareillés, mais clair et souriant et
qui s'ouvrait, tout au fond, sur un autre petit hall donnant accès à la salle
de bains, en face, et à deux pièces situées en vis-à-vis. Elle avait la chambre
de droite, qui se trouvait dans le prolongement du mur vitré du salon. Le
silence régnait et le parfum de lilas qui entrait par la fenêtre grand ouverte
finit de l'apaiser. Elle commençait à chasser de son esprit la petite
mésaventure de la soirée, sans pour autant oublier de donner un double tour de
clé à la porte d'entrée, ainsi qu'à celle de sa chambre. Ensuite elle se
déshabilla et, comme la nuit se faisait fraîche, alla fermer la fenêtre. Elle
sursauta en s'apercevant que celle-ci ne fermait pas. Les panneaux en bois,
vieux et vermoulus, gonflés par l'humidité, ne permettaient plus l'emboîtement.
Tibéria se contenta donc de la pousser au maximum et puis se mit au lit,
essayant d'enrayer l'angoisse qui montait; déraisonnable, la déclara-t-elle,
réconfortée par la pensée des deux portes qui la protégeaient de l'extérieur.
Mais le sommeil ne venait pas. Sans le vouloir, elle écoutait toutes les
rumeurs de la nuit, fort nombreuses dans une vieille maison. Au moment où elle
allait se laisser gagner par la fatigue, il lui sembla entendre un bruit plus
proche, bien qu'étouffé. Sautant du lit, elle colla l'oreille à sa porte et ne
tarda pas à comprendre que quelqu'un était en train d'ouvrir la porte de
l'appartement. Elle se dit, pour se donner du courage, qu'elle avait peut-être
un voisin retardataire et attendit que la pièce d'en face s'ouvrît pour
l'accueillir. Rien de tel ne se produisit et la panique moutonnait en vagues
paralysantes. Elle se rendit compte que ni l'endroit, ni l'époque ne
permettaient d'imaginer qu'on fît le moindre effort pour personnaliser les clés
d'entrée des appartements. De là à songer que celles des chambres aussi... Le
risque était réel et la solution unique; elle fit faire un quart de tour à la
clé et la laissa dans la serrure. Bien que le moment s'y prétât mal, Tibéria
fut presque prise de fou rire en pensant qu'elle était en train de jouer un
scénario de sous-production américaine pour mammies gâteuses, avec cette fenêtre
qui ne fermait pas et les clés passe-partout. Elle ne pouvait raconter
l'histoire à personne; qui l'aurait crue ? Le parquet du salon craquait sous
des pas lourds mais furtifs. Puis, un long silence encore plus inquiétant que
les déplacements précédants. Le temps s'étirait dans tous les sens et Tibéria
avait renoncé à conter les minutes, quand elle entendit distinctement son
souffle derrière la porte. Pas de doute, c'était bien lui. L'amoureux éconduit
venait chercher sa proie. Il l'appela. Elle ne répondit pas mais s'aperçut
qu'elle arrivait à suivre ses gestes comme si la porte était devenue
transparente. Il sortit la clé de sa poche (la sienne, ou bien un double qu'il
avait subtilisé à l'abruti d'en bas ?) et l'inséra dans la serrure; évidemment,
elle n'entrait qu'à moitié et il ne pouvait pas la tourner. Il ne comprit pas
de prime abord et continua à s'escrimer là-dessus. Puis, sans la retirer, il se
mit à jurer de plus en plus fort, l'appelant à haute voix cette fois, et
l'accablant tantôt de menaces de sévices divers, tantôt de grossièretés
juteuses qu'il devait prendre pour des câlins. Elle ne broncha pas. Seuls les
sursis la terrorisaient vraiment car, s'il ne bougeait ou ne disait rien, elle
ne pouvait pas savoir ce qui lui passait par la tête. Il y eut un long répit.
Ensuite, il renonça à s'acharner sur la serrure et fit demi-tour au salon.
Tibéria espérait entendre la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer sur lui,
mais il demeurait à côté à tourner en rond. Il mijotait quelque chose, pour
sûr; elle percevait des grognements mécontents, des bruits de meubles que l'on
déplaçait, et désespérait de saisir ce qu'il tentait. Au bout d'un moment
qu'elle renonça à apprécier, son cœur trébucha en entendant sa voix à la
fenêtre du salon. Une voix enjouée, presque tendre, sûre d'elle. Il lui
enjoignait d'ouvrir et de se tenir bien sage, sinon il emprunterait une autre
voie. Elle alla à sa fenêtre, se pencha un peu afin de l'apercevoir et lui dit
de la laisser tranquille; de toute façon, il n'y avait pas d'autre moyen de
l'atteindre. Il ricana et, tout à coup, se projeta à moitié au dehors, lui
désignant du doigt le rebord. Elle n'en crut pas ses yeux; il mesurait dix
centimètres au plus, était légèrement en pente et lui, c'était plutôt un grand
type solide. Déjà glacée par la perspective, elle eut le front de crâner encore
un fois : 'Je vais fermer la fenêtre' ; il répondit platement: 'Elle ferme
pas'. Voilà, tout était dit. Tibéria pensa intensément à son fuseau de lumière,
au regard qui l'avait toujours protégée depuis là-haut et se calma petit à
petit. Une froide détermination l'habitait, écrivent les roman à l'eau de gare
rose dans ces cas-là. Et c'était vrai. Elle le regarda posément enjamber la
fenêtre du salon et se mettre debout avec une aisance que sa corpulence ne
laissait pas prévoir. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et se figea.
Certes, la courette de ciment d'en bas n'avait rien d'accueillant et un faux
pas à cette hauteur pouvait bien être le dernier. Elle y réfléchissait en même
temps que lui, se disant qu'après l'avoir narguée de ses yeux pétillants de
convoitise maligne, il allait se raviser et rentrer. Il devait suivre ses
pensées également, car il eut un petit sourire moqueur et se mit à avancer
lentement. Il prit appui sur la main gauche qui s'agrippa au cadre intérieur du
salon, tandis que la droite cherchait en tâtonnant des aspérités le long du
mur, pour équilibrer la prise. Ce n'est pas ce qui manquait sur la façade de
cette vieille bâtisse. La distance n'était pas grande entre les deux fenêtres,
deux mètres peut-être, ce qui fait que, s'il calculait bien ses mouvements,
avant de lâcher l'angle du mur à gauche, il pouvait, avec un petit bond,
attraper des deux mains les battants de sa fenêtre à elle. Tibéria dépêcha un
regard circulaire dans sa chambre. Le seul objet susceptible de lui offrir ce
qu'elle cherchait était l'imposant bahut proche de la croisée. Quand elle le
dévisagea à nouveau, elle surprit une brève hésitation. Il approchait du milieu
du parcours, l'endroit le plus dangereux et, inconsciemment, il mesurait tout
l'inconfort de sa position et se demandait si la fille valait bien l'énorme
risque qu'il prenait. Sans doute pas, mais elle l'avait mené en bateau, cette
petite morveuse à peine sortie de l'adolescence et il ne pouvait pardonner
l'affront. Ses souvenirs d'ancien sportif de performance l'aidèrent à trouver
un état de concentration maximale et à se lancer, requinqué, dans l'attaque
finale. Une fois qu'il avait compris qu'un mélange de honte et d'orgueil
l'empêcherait de crier ou de sortir demander de l'aide, il l'imaginait dans un
coin de la pièce, tétanisée par la peur, résignée à l'inévitable. À sa vive
stupeur, à l'instant où il réussissait son changement de prise et s'accrochait
au panneau, il la vit dans une drôle de position, presqu'à l'équerre, les pieds
prenant appui sur le bas massif de l'armoire, le corps pesant de tout son poids
sur la poignée qu'elle maintenait fermement close des deux mains. Pris au
dépourvu, il esquissa un mouvement de côté, qui le déséquilibra, et il se
rattrapa de justesse. Quand il retrouva son assurance précaire, la mort avait
traversé son regard. Tout éclat d'arrogance s'était évanoui, il lui restait
pourtant assez de sang froid pour continuer à braver. Il crispa ses muscles et
poussa la fenêtre vers l'intérieur, sans toutefois y mettre toute sa force, car
pour ce faire, il aurait eu besoin d'un recul bien plus important. Elle
s'entrouvrit à peine et Tibéria n'eut aucun mal à rétablir son avantage. En
temps normal, elle n'aurait pas pu tenir une seconde devant lui, mais sa
position actuelle lui interdisait de jouer au plus fort. De toute évidence, le
renversement de rôles le faisait enrager. Le pire, c'est qu'il avait franchi le
point de non retour; physiquement et psychologiquement, il aurait été incapable
de rebrousser chemin. Il avait tout misé sur un exploit éclair. Tibéria le
contemplait froidement et suivait l'installation progressive du désarroi. À
l'horrible grimace qui s'installa sur son visage, elle sentit qu'il frôlait la démence.
Sans le moindre signe de triomphe, néanmoins avec un détachement qui lui
faisait froid dans le dos, elle se dit qu'elle avait tout son temps, qu'elle
allait y passait la nuit s'il le fallait. Mais il fléchissait déjà,
pitoyablement. Il se mit à marmonner des excuses et des promesses et à lui
expliquer, ce dont elle se doutait, qu'il ne pouvait plus résister. La jeune
fille le fixa avec des yeux vides et l'imagina tomber du troisième étage et
s'écraser au sol, comme dans un film au ralenti. À l'impact, ça produisait un
choc mou, explosion de sang et de morceaux de viande éparpillés tout autour.
Consciente de ce qu'il se passait quelque chose de très grave en elle, Tibéria
continuait à dérouler sa vision. La police arrivait, forcément, s'inquiétait de
ses fréquentations de la soirée, remontait jusqu'à elle, l'emmenait au poste,
l'interrogeait durement, compatissait ou pas, la gardait pour les besoins de
l'enquête, en un mot - gâchait ses préparatifs de mariage. Et puis, il aurait
fallu expliquer à la maison comment elle avait rencontré ce type et pourquoi
elle s'était trouvée en position de se faire agresser. Non, éviter cela à tout
prix. Même au prix de lui laisser la vie sauve. Le raisonnement n'avait
peut-être pas pris une seconde, mais elle le vécut sur trois plans
simultanément: le premier, rudimentaire et féroce, laissait courir les images;
le deuxième s'insurgeait contre la monstruosité d'une pareille construction; le
troisième constatait qu'elle venait de toucher au fond et que l'âme recueille
un incroyable potentiel de cruauté et d'indifférence. Pour l'exorciser, on
devait lui permettre de s'exprimer jusqu'au bout, de s'épuiser tout seul, la
clairvoyance ne pouvant que soigner la forme de l'expression. C'est ce qu'elle
fit et puis revint à elle et à la situation de l'homme livré à sa merci. Il
l'implorait maintenant. Alors, elle formula les termes de la reddition: 'Je
vais me redresser et me diriger vers la porte. Mais je ne veux pas que tu
bouges avant que je n'aie atteint le seuil. Si tu esquisses le moindre
mouvement avant, j'aurai toujours le temps de revenir. Et cette fois-ci, les
conséquences m'importeront fort peu... Ensuite, tu te dirigeras vers ta chambre
(il logeait au premier), en laissant toutes les portes de mon appartement
ouvertes et tu fermeras ta porte à clé. Bonne nuit.' Il acquiesça, complètement
soumis. Elle partit à reculons vers la sortie, mais la précaution s'avéra
inutile; il était incapable de réagir. Sur le seuil, elle se tourna, lui fit
signe qu'il pouvait entamer la descente dans sa chambre et se mit à courir, ne
s'arrêtant qu'au rez-de-chaussée, devant la loge du concierge qui dormait
paisiblement. Elle s'étonnait d'être aussi calme et se demandait si à chaque
fois qu'on touchait une limite de soi, cette forme d'impassibilité s'ensuivait.
Levant la tête, elle perçut ses lents déplacements mais ne le vit pas. Il
devait être éreinté. Quand elle entendit la clé dans sa serrure, elle se
précipita dans l'escalier et monta les marches quatre à quatre, marquant un
imperceptible ralentissement au premier étage, referma tout derrière elle et
laissa la clé sur la porte. Elle s'allongea sur le lit, habillée, et pensa
sérieusement à écourter son séjour dans la capitale, malgré le rendez-vous avec
son père du surlendemain. La liberté n'avait plus de goût. Le sommeil monta
brusquement.
Quand elle rouvrit les yeux, alertée par le grincement de la fenêtre, il
mettait le deuxième pied par terre. Elle chassa le cauchemar des deux mains.
Tout son être refusait d'y croire. Le mauvais film n'étant pas terminé, la
lampe de chevet résista à sa tentative maladroite de l'allumer. Le miroir lui
renvoya une image opaque, ternie. Mais quel est ce monstre qui refait le chemin
de la mort deux fois de suite ? Le désir n'y était déjà plus pour rien, bien
qu'il restât le mobile de la démarche. Il avait dû écouter à sa porte pour
s'assurer qu'elle dormait. Cependant, il ne pouvait en être absolument sûr. Il
se doutait bien qu'après une tension pareille, normalement, on ne s'endort pas.
Elle aurait pu se tenir là, dans l'obscurité, aux aguets. Pourquoi donc avoir
décidé de prendre un risque démesuré ? Coincé à nouveau, il était perdu et il
le savait, non ? Ou bien, au-delà de la balourdise qu'elle lui avait un peu
vite attribuée, était-il capable de comprendre que, à moins de couver une
graine d'assassin, l'esprit n'accepterait plus de retourner au seuil de l'enfer
? Si c'était le cas, il avait deviné juste. L'incompréhension aida Tibéria à se
relever et à lui faire face autrement. Elle ne songeait plus à le mettre en
fuite. Du moins, pas tout de suite. La lumière répondit à son appel. Détendue,
elle commença à lui parler gentiment, le prit par la main et le fit asseoir sur
son lit. Il n'en revenait pas et avait l'air gauche au-dessus de son sexe,
qu'il maîtrisait mal, maintenant que la muflerie vengeresse du début était
tombée. Ceci dit, il la voulait. Le petit flottement ne lui échappa point et,
tout en continuant à lui parler (au jour d'aujourd'hui elle ne se rappelle
toujours pas de quoi), elle lui prodigua quelques infimes caresses qui
entrainèrent un soulagement presque immédiat du désir exaspéré pendant si
longtemps. Son ambition insensée était d'arriver à le mater sans qu'il la
touche, esquivant toute caresse, tout baiser. Le dégoût -général, elle
comprise- l'amenait au bord du malaise, mais elle parvint à se contenir et,
sans trop savoir quand et comment, elle le conduisit jusqu'à la salle de bains
et prit congé de lui jusqu'au lendemain. Mi-irrité, mi-subjugué, il s'en alla
et elle sut qu'il ne reviendrait pas. Derrière sa porte dérisoire, fermée pour
la énième fois, de grosses larmes froides glissaient le long de ses joues,
pendant qu'elle rassemblait ses affaires. Elle partit aux aurores. Le monde
n’était pas triste ou absurde, juste écoeurant.
Silencieusement, le cube amorça son départ. Comme il pénétrait dans le miroir,
elle vit un soulier d'enfant tomber de l'autre côté.
_____
* Le récit fait partie de "Le mot du silence".
Traducción al español:
La trampa especulativa *
por Simona Modreanu
Al final de su hilo invisible, el cubo atravesaba
incansablemente el espejo. Despreocupada, Tibéria lo dejaba ir y venir,
vagamente curiosa por la ligera transformación que estaba sufriendo; su
desaparición al otro lado del cristal no le preocupaba mucho, pero cada vez que
regresaba —lo que se notaba por una imperceptible tensión en el hilo—, aparecía
un poco más grande, con una rotación más impertinente y, sobre todo, con una
imagen añadida injertada en una de sus caras. A menudo era ella misma, a diferentes
edades y en hipóstasis a veces inéditas, la mayoría de las veces divertidas,
rara vez amenazantes. Desde una bebé regordeta hasta una adolescente rebelde,
desde una mujer mimada hasta una gran gata risueña de ojos azules, desde una
arpía desaliñada hasta una idiota con la cabeza rapada y la mirada impasible,
todo pasaba por allí, hasta la muerte, en el vértigo giratorio de las
realidades en potencia. Las imágenes que transportaba nunca estaban inmóviles,
sonreían, hablaban, gritaban, se retorcían, se encogían sobre sí mismas, se
alargaban, dormían, sufrían todo tipo de anamorfosis, prisioneras libres hasta
el umbral de una nueva visión. A veces surgía de la mirada cambiante de
Tibéria. Pero el cubo no la dejaba llegar, se llevaba el boceto dentro. No era
del todo imposible que algún día volviera con la impresión del desarrollo
previsto por la joven. Ironía tardía; mientras tanto, ella lo habría olvidado.
Sin embargo, había un momento preciso en el que, cuando el cubo partía —con
leve agresividad— hacia su sexto paso a través del espejo, Tibéria tensaba todo
su cuerpo en una poderosa crispación que detenía el movimiento. Ella jugaba a
traspasar cada vez más los límites, por lo que la sacudida podía producirse
cuando el cubo ya estaba dentro, tal vez incluso recibiendo en su dura carne la
última huella viva. Cuando soltaba el hilo, este permanecía allí. Sabía que,
tras un lapso de tiempo bien definido, volvería a ella, rodando obedientemente
a sus pies, reducido y limpio, listo para volver a empezar. Se reprochaba
vagamente no tener el valor de llegar hasta el final. Pero precisamente no
quería llegar hasta el final, aunque su intención asesina no estuviera
demostrada. Toda cosa cumplida muere, se congela, ya que el movimiento no se
acomoda a la perfección. Eso es lo que le decía su amigo de ojos verdes. El
cubo continuaba moviéndose, corriendo de reflejo en reflejo, sin que ningún
espejo le devolviera la captura completa y correcta de su imagen. Ya se trate
de espejos deformantes, abiertamente grotescos, o del pérfido espejo de los
modistos, encargado de «borrar» las curvas excesivas de las clientas
adineradas, pasando por fantasías más o menos románticas —como ese inmenso
espejo trucado de un príncipe hindú al que le gustaba hacer el amor con las
mujeres bajo sus brillantes luces, pero que se consideraba demasiado pequeño y
rechoncho y, por lo tanto, nunca deseaba enfrentarse a su doble auténtico—,
pensaba que, más allá de la función utilitaria comúnmente admitida, el espejo
roba todo o parte del yo a su propietario. Los entornos naturales no son más
clementes, añadía; el agua hace temblar los contornos, mientras que los ojos
del otro, por muy amorosos y puros que sean, fragmentan y ridiculizan al final.
¿Qué hacer entonces? ¿Adónde ir para mirarse a uno mismo sin que algo entre uno
y uno mismo se ría imperceptiblemente ante la identificación imperfecta?
Tibéria pensó que podría ser la sexta imagen, aquella que siempre se negaba a
ver, temiendo menos una posible sorpresa que el probable final del juego. Es curioso cómo los sentidos se alteran así, eludiendo la integridad, como
si el ser no pudiera soportarse tal cual y le fuera indispensable un espacio
protector, atenuante. El oído no está mejor, se dijo ella, ya que ni siquiera
la grabación más perfeccionada logra reproducir la voz que se escucha en los
oídos y, al menos la primera vez, una se siente frustrada, como si se viera
afectada su unicidad, la que da la conciencia de sí.
* * *
El cubo rodó a sus pies como estaba
previsto. Por cierto, no siempre volvía desnudo. A veces traía consigo imágenes
«obligatorias», como si la memoria le obligara a reconsiderar ciertas cosas,
mal digeridas, y a ponerlas en su lugar. Fue ese el caso esa vez. La mueca del
hombre inmovilizado en un largo grito le erizó el pelo. Creía que eso estaba
enterrado en el basurero de los malos recuerdos, sellado para siempre. En
realidad, Tibéria aún no había asimilado lo que representaba a la vez un miedo
inmenso y una terrible herida en su orgullo. La anciana le sonrió, animándola:
las obviedades son tal vez las únicas verdades vividas; expulsa el
arrepentimiento de tu vida, el veneno que esparce equivale a la incapacidad en
la que una se encuentra para cambiar nada y a la inutilidad de cualquier
reconstrucción retroactiva.
Era muy joven en aquella época,
pero se consideraba madura y sabia. Al decidir tomarse unos días libres en la
capital, justo antes de su insensata boda, había elegido un hotel «belle
époque», elegante y destartalado, entrañable y barato. Evidentemente, se
trataba de una antigua residencia privada opulenta, que los actuales
propietarios habían adaptado, transformándola en un lugar extrañamente
distribuido en pequeñas piezas y casi imposible de gestionar, sin conseguir
amputarle su encanto inconexo. Ella había elegido residir allí, un poco por
desafío, un poco por interés real. En esa pensión elegante de entreguerras
había una especie de conserje, cuyas tareas complementarias no engañaban a
nadie, y sobre todo había un salón, en la planta baja, donde se encontraba el
único televisor de la casa y donde se reunían por la noche la mayoría de los
«clientes». El reducido espacio y la precariedad de las instalaciones
determinaban una convivencia un poco forzada, aunque cálida, surgida de la
necesidad de comunicación y, más aún, de una forma de solidaridad en lo que se
suponía un privilegio en comparación con los arreglos anodinos que salpicaban
la vida de todos.
La primera noche, Tibéria se dedicó
a hacer una valoración general. No había mucho que destacar: unos cuantos
viejos decrépitos a los que se les podía atribuir más nostalgia por el regreso
que asuntos urgentes, dos o tres individuos neutros, probablemente ingenieros,
visiblemente aburridos hasta la muerte por su «delegación» e impacientes por
volver a casa. Sin embargo, un par de ojos azules tristes y desamparados,
brillantes de inteligencia, destacaban junto a una complexión atlética,
sosteniendo un porte altivo y una mirada dominante. Consciente de ser
prácticamente la única mujer presentable de la reunión, Tibéria no tardó en
darse cuenta de los juegos de acercamiento de los dos pares de ojos que le
manifestaban un interés diferente. Se dejó llevar. Los ojos azules procedían de
una gran ciudad universitaria del oeste, profesores universitarios ligeramente
hastiados, inteligentes pero rumiantes obsesivos. Halagadores pero
tímidos y rasurados, decretó ella. Quedaban los otros, insolentes y
perturbadores. Exactamente lo que ella buscaba
estúpidamente en la vida. Con sus ojos azules, la conversación era a veces
apasionante, a menudo lenta. El otro, el deportista, le aburría en general y le
intrigaba en los detalles. Aplastaba a todo el mundo con su presencia y, sin
embargo, su seguridad era tan ligera como palpable. Se le sentía allí, sin
esforzarse por estar más que los demás. Tibéria cayó en la trampa. Lo consideró
inteligente pero inofensivo. Y aceptó la invitación a cenar a orillas del lago,
en una hermosa tarde de principios de verano. Los camareros, que parecían
conocer bien a su acompañante, la atendían con esmero, revoloteaban a su
alrededor, dejaban dulces sobre la mesa y se retiraban discretamente. Ella se
dejaba mimar con deleite, olvidando incluso el espectro del espejo que pronto
la perseguiría. Antes de mostrarse, comenzó a insinuarse en sus sueños, en sus
visiones, en sus diversas reflexiones. A menudo estaba allí, cercano y lejano,
grandioso en sus dorados barrocos, translúcido hasta confundirse con el éter,
amante de la muerte y la plenitud. En el largo y oscuro pasillo por el que
vagaba sin ganas de encontrar una salida, apareció de repente al final, como
una onda pesadamente resplandeciente. Había sentido la llamada como un
choque paralizante y, con un movimiento de hombros, se había liberado del peso
de la realidad y comenzado a avanzar, con paso firme y ágil, hacia el abismo.
El borde, las manos que se aferraban, la boca insolente y torcida, en un
instante, lo vio todo. Pero la noche emitía sus efluvios y Tibéria, suavemente
embriagada, deseaba volver a casa para acostarse. Para ella, todo había
terminado; había pagado con creces, con su presencia y su amable atención, una
suntuosa cena, ahora había que dar por terminado el juego. Solo que él no
estaba dispuesto a aceptarlo. De repente, la tomó de la mano y la llevó al
oscuro parque que se abría próximo al restaurante. Ella no se sentía muy
segura, pero como no conocía bien la ciudad, prefirió pensar que él estaba
tomando un atajo para volver y decidió no contrariarlo demasiado por el camino,
ya que su fuerza física desprendía un aire implacable que le daba escalofríos.
No fue muy lejos y se detuvo para besarla con la misma impaciencia brutal de
antes. A Tibéria siempre le había encantado que los hombres la tomaran en sus
brazos, sentirse acariciada y mimada, solo que ahora el peligro se insinuaba
claramente bajo unas intenciones apenas veladas. Las manos que la recorrían sin
ternura ni delicadeza lo apartaban todo y ella se vio presa de un deseo
delirante que solo pedía ser satisfecho allí mismo. El horror la paralizó en un
primer momento, pero luego la conciencia del peligro agudizó su lucidez,
limpiándola de cualquier residuo de vino o de sueño, y de inmediato trazó su
plan. La estrategia que debía desplegar debía ser de lo más sutil y delicada,
ya que el hombre estaba en pleno apogeo y cualquier obstáculo lo enfurecía. Un
fantasma que se deslizaba a través de la oscuridad del callejón acudió en su
ayuda y moderó un poco su ardor. A base de pequeñas caricias y susurros
cómplices, lo llevó lentamente hacia la salida y lo empujó a un taxi.
Recuperando por completo el control, Tibéria se permitió incluso el lujo de la
verdad en la ambigüedad, ya que las palabras que le dirigió al hombre no
podían, en una lectura rigurosa, interpretarse como una promesa de abrazo. Sin
embargo, la fiera estaba lejos de estar domesticada y, mientras fingía
dormitar, preparaba su nueva embestida. Una vez más, ella se dejó cegar por su
ingenuidad. Aún no sabía cómo aprender a mirar simultáneamente a ambos lados
del espejo. Más tarde, además, también perdió el momento de la coincidencia. De
nada le valió desconectarse del mundo, conservando solo una vaga impresión que la
retenía en su vuelo sin obstaculizarla; de nada tampoco caminar directamente
hacia su propio reflejo, atraída por el deslizamiento de la sombra en la luz
que, paradójicamente, realzaba los contornos difuminándolos. La premonición del
punto de unión la aligeraba y la impulsaba. Nunca se habría detenido por sí
misma. Pero una mano servicial se posó firmemente sobre su brazo. Y algo se
rompió, dentro de ella. Así que nunca sabría si el paso estaba defendido por
una resistencia material o si la frontera fluida podía engullirla de un solo
golpe. Desconcertada, antes de sacar el pie del sueño, murmuró como con pesar:
«Casi entro en mi imagen». ¡Oh, el cinismo del lenguaje concentrado en ese
«casi», hipócrita adyuvante de una acción casi consumada, o significado unívoco
del fracaso! Odio y amor por las palabras, una vida desgarrada en la búsqueda
del silencio que encierra todo lo no dicho...
Recuperada su confianza, bajo la
pálida luz de la recepción, frente al conserje cuya mirada atónita la
tranquilizaba, Tibéria intentaba separarse amablemente de su pretendiente. Él
insistía en acompañarla a su habitación en el tercer piso, ella inventaba mil y
una excusas sobre el día siguiente, alegando que estaba cansada. De repente, él
pareció ceder y la joven, sorprendida y quizás incluso un poco decepcionada por
haber ganado tan fácilmente, se apresuró a subir a su habitación. La
distribución del lugar era, como mínimo, curiosa. De hecho, los antiguos
apartamentos del edificio se habían dividido en habitaciones de hotel, lo que
hacía que, sin quererlo, se conviviera en cierto modo con los demás ocupantes
de las habitaciones contiguas. Tiberia creía estar sola en su gran espacio, que
consistía en un minúsculo vestíbulo que daba al salón, amplio, lleno de muebles
viejos y desiguales, pero luminoso y alegre, y que se abría, al fondo, a otro
pequeño vestíbulo que daba acceso al cuarto de baño, enfrente, y a dos
habitaciones situadas enfrente. Ella tenía la habitación de la derecha, que se
encontraba en la prolongación de la pared acristalada del salón. Reinaba el
silencio y el aroma de las lilas que entraba por la ventana abierta de par en
par terminó de tranquilizarla. Empezó a borrar de su mente el pequeño percance
de la noche, sin olvidar dar dos vueltas a la llave de la puerta de entrada y
de su habitación. Luego se desnudó y, como la noche se estaba volviendo fresca,
fue a cerrar la ventana. Se sobresaltó al darse cuenta de que no cerraba. Los
paneles de madera, viejos y carcomidos, hinchados por la humedad, ya no
encajaban. Tibéria se contentó con empujarla al máximo y luego se metió en la
cama, tratando de contener la angustia que le invadía; “No tiene sentido
preocuparse”, se dijo, reconfortada por la idea de que las dos puertas la
protegían del exterior. Pero no conseguía conciliar el sueño. Sin quererlo,
escuchaba todos los ruidos de la noche, amplificados por tratarse de una casa
antigua. Y justo cuando estaba a punto de dejarse vencer por el cansancio, le
pareció oír un ruido más cercano, aunque amortiguado. Saltó de la cama, pegó la
oreja a la puerta y no tardó en darse cuenta de que alguien estaba abriendo la
puerta del apartamento. Para darse ánimos, se dijo que tal vez se trataba de un
vecino rezagado y esperó a que se abriera la habitación de enfrente para
recibirlo. No ocurrió nada de eso y el pánico la invadió en oleadas
paralizantes. Se dio cuenta de que ni el lugar ni la época permitían imaginar
que se hiciera el más mínimo esfuerzo por personalizar las llaves de entrada a
los apartamentos. De ahí a pensar que las de las habitaciones también... El
riesgo era real y solo había una solución; giró la llave un cuarto de vuelta y
la dejó en la cerradura. Aunque no era el momento adecuado, Tibéria casi se
echó a reír al pensar que estaba protagonizando una película de serie B
estadounidense para abuelitas seniles, con esa ventana que no cerraba y las
llaves maestras. No podía contarle la historia a nadie; ¿quién la habría
creído? El parqué del salón crujía bajo unos pasos pesados pero furtivos.
Después, un largo silencio aún más inquietante que los movimientos anteriores.
El tiempo se alargaba en todas direcciones y Tibéria había dejado de contar los
minutos cuando oyó claramente su respiración detrás de la puerta. No había
duda, era él. El amante rechazado había venido a buscar a su presa. La llamó.
Ella no respondió, pero se dio cuenta de que podía seguir sus movimientos como
si la puerta se hubiera vuelto transparente. Sacó la llave del bolsillo (¿la
suya o una copia que le había robado al idiota de abajo?) y la introdujo en la
cerradura; evidentemente, solo entraba hasta la mitad y no podía girarla. Al
principio no lo entendió y siguió insistiendo. Luego, sin sacarla, empezó a
maldecir cada vez más fuerte, llamándola en voz alta esta vez y abrumándola con
amenazas de diversos abusos, a veces con groserías jugosas que ella debía tomar
por caricias. Ella no se inmutó. Solo las treguas la aterrorizaban de verdad,
porque, si él no se movía ni decía nada, ella no podía saber qué le pasaba por
la cabeza. Hubo un largo respiro. Luego, él renunció a insistir con la
cerradura y dio media vuelta hacia el salón. Tiberia esperaba escuchar cómo se
abría y se cerraba la puerta de entrada, pero él seguía dando vueltas a su
lado. Estaba tramando algo, sin duda; ella percibía gruñidos de descontento,
ruidos de muebles que se movían, y se desesperaba por comprender lo que
intentaba hacer. Al cabo de un tiempo que renunció a calcular, su corazón dio
un vuelco al oír su voz en la ventana del salón. Una voz alegre, casi tierna,
segura de sí misma. Le ordenaba que abriera y se portara bien, o de lo
contrario tomaría otro camino. Ella se acercó a la ventana, se asomó un poco
para verlo y le dijo que la dejara en paz; de todos modos, no había otra forma
de alcanzarla. Él se rió y, de repente, se asomó medio fuera, señalándole el
alféizar con el dedo. Ella no daba crédito a sus ojos; medía diez centímetros
como mucho, estaba ligeramente inclinado y él era más bien un tipo alto y
fornido. Ya helada por la perspectiva, tuvo el descaro de volver a
fanfarronear: «Voy a cerrar la ventana». A lo que él respondió secamente: «No
se cierra». Ya estaba todo estaba dicho. Tibéria pensó intensamente en su haz
de luz, en la mirada que siempre la había protegido desde arriba, y poco a poco
se calmó. Una fría determinación la invadió, como suelen describir las novelas
románticas en estos casos. Y era cierto. Ella lo observó con calma mientras él
saltaba la ventana del salón y se ponía de pie con una facilidad que su
corpulencia no dejaba presagiar. Él echó un vistazo por encima del hombro y se
quedó paralizado. Ciertamente, el patio de cemento de abajo no era nada
acogedor y un paso en falso a esa altura podría ser el último. Ella lo pensaba
al mismo tiempo que él, diciéndose que después de haberla provocado con sus
ojos brillantes de maliciosa codicia, él cambiaría de opinión y volvería a
entrar. Él también debía de estar siguiendo sus pensamientos, porque esbozó una
pequeña sonrisa burlona y comenzó a avanzar lentamente. Se apoyó en la mano
izquierda, que se agarró al marco interior del salón, mientras que la derecha
buscaba a tientas las irregularidades a lo largo de la pared para equilibrar el
agarre. No faltaban en la fachada de ese viejo edificio. La distancia entre las
dos ventanas no era grande, tal vez dos metros, por lo que, si calculaba bien
sus movimientos, antes de soltar la esquina de la pared a la izquierda, podría,
con un pequeño salto, agarrar con ambas manos las hojas de su ventana. Tibéria
echó un vistazo rápido a su habitación. El único objeto que podía ofrecerle lo
que buscaba era el imponente aparador que había cerca de la ventana. Cuando
volvió a mirarlo fijamente, percibió una breve vacilación. Se acercaba a la
mitad del recorrido, el lugar más peligroso, e inconscientemente evaluaba lo
incómoda que era su posición y se preguntaba si la chica merecía el enorme
riesgo que estaba corriendo. Probablemente no, pero ella lo había engañado, esa
mocosa recién salida de la adolescencia, y él no podía perdonar la afrenta. Sus
recuerdos como antiguo deportista de alto rendimiento lo ayudaron a alcanzar un
estado de máxima concentración y a lanzarse, revitalizado, al ataque final. Una
vez que comprendió que una mezcla de vergüenza y orgullo le impediría gritar o
salir a pedir ayuda, la imaginó en un rincón de la habitación, paralizada por
el miedo, resignada a lo inevitable. Para su gran sorpresa, en el momento en
que logró cambiar de agarre y se aferró al panel, la vio en una posición
extraña, casi en ángulo recto, con los pies apoyados en la parte inferior del
armario y el cuerpo pesando con todo su peso sobre el tirador, que mantenía
firmemente cerrado con ambas manos. Desconcertado, hizo un movimiento hacia un
lado que le desequilibró, y apenas pudo recuperarse. Cuando recuperó su
precaria seguridad, la muerte se reflejó en su mirada. Todo rastro de
arrogancia había desaparecido, pero aún le quedaba suficiente sangre fría para
seguir desafiándola. Tensó los músculos y empujó la ventana hacia dentro, sin
emplear toda su fuerza, ya que para ello habría necesitado retroceder mucho
más. La ventana apenas se abrió y a Tibéria no le costó nada recuperar su
ventaja. En circunstancias normales, ella no habría podido resistir ni un
segundo ante él, pero su posición actual le impedía jugar a ser la más fuerte.
Evidentemente, el cambio de roles lo enfurecía. Lo peor era que había cruzado
el punto de no retorno; física y psicológicamente, habría sido incapaz de dar
marcha atrás. Lo había apostado todo a una hazaña relámpago. Tibéria lo
contemplaba fríamente y observaba cómo se iba instalando poco a poco la
confusión. Al ver la horrible mueca que se dibujó en su rostro, sintió que
estaba al borde de la locura. Sin mostrar el menor signo de triunfo, pero con
una indiferencia que le helaba la sangre, se dijo que tenía todo el tiempo del
mundo, que pasaría allí la noche si fuera necesario. Pero él ya estaba
cediendo, lastimosamente. Empezó a murmurar excusas y promesas y a explicarle,
lo que ella ya sospechaba, que ya no podía resistirse. La joven lo miró con
ojos vacíos y lo imaginó cayendo desde el tercer piso y estrellándose contra el
suelo, como en una película a cámara lenta. El impacto produciría un golpe
sordo, una explosión de sangre y trozos de carne esparcidos por todas partes.
Consciente de que algo muy grave estaba sucediendo en su interior, Tibéria
siguió desarrollando su visión. La policía llegaba, como era de esperar, se
preocupaba por sus relaciones de la noche anterior, la localizaba, la llevaba a
la comisaría, la interrogaba duramente, simpatizaba o no con ella, la retenía
para las necesidades de la investigación, en una palabra, arruinaba sus
preparativos de boda. Además, habría tenido que explicar en casa cómo había
conocido a ese tipo y por qué se había encontrado en una situación en la que
podía ser agredida. No, había que evitar eso a toda costa. Incluso a costa de
dejarle con vida. Quizás el razonamiento no le llevó ni un segundo, pero lo
vivió en tres planos simultáneamente: el primero, rudimentario y feroz, dejaba
correr las imágenes; el segundo se rebelaba contra la monstruosidad de tal
construcción; el tercero constataba que acababa de tocar fondo y que el alma
alberga un increíble potencial de crueldad e indiferencia. Para exorcizarlo,
había que permitirle expresarse hasta el final, agotarse por sí mismo, ya que
la clarividencia solo podía curar la forma de la expresión. Eso fue lo que hizo
y luego volvió a sí misma y a la situación del hombre entregado a su merced.
Ahora él la imploraba. Entonces, ella formuló los términos de la rendición: «Me
voy a levantar y me dirigiré hacia la puerta. Pero no quiero que te muevas
hasta que haya alcanzado el umbral. Si haces el más mínimo movimiento antes,
siempre tendré tiempo de volver. Y esta vez, las consecuencias me importarán
muy poco...». Después, te dirigirás a tu habitación (él se alojaba en la
primera planta), dejando todas las puertas de mi apartamento abiertas y
cerrarás la puerta con llave. Buenas noches». Él asintió, completamente sumiso.
Ella se alejó hacia la salida, pero la precaución resultó innecesaria; él era
incapaz de reaccionar. En el umbral, se volvió, le indicó que podía bajar a su
habitación y echó a correr, deteniéndose solo en la planta baja, frente a la
portería, donde el conserje dormía plácidamente. Le sorprendía estar tan
tranquila y se preguntaba si cada vez que uno tocaba sus límites, se producía
esa forma de impasibilidad. Levantó la cabeza y percibió sus lentos movimientos,
pero no lo vio. Debía de estar agotado. Cuando oyó la llave en la cerradura, se
precipitó hacia la escalera y subió los escalones de cuatro en cuatro,
ralentizando imperceptiblemente el paso en el primer piso, cerró todo detrás de
ella y dejó la llave en la puerta. Se tumbó en la cama, vestida, y pensó
seriamente en acortar su estancia en la capital, a pesar de la cita con su
padre al día siguiente. La libertad ya no tenía sabor. El sueño la invadió de
repente.
Cuando volvió a abrir los ojos,
alertada por el chirrido de la ventana, él estaba poniendo el segundo pie en el
suelo. Ella ahuyentó la pesadilla con ambas manos. Todo su ser se negaba a
creerlo. La mala película no había terminado, la lámpara de la mesilla de noche
resistió su torpe intento de encenderla. El espejo le devolvió una imagen
opaca, deslucida. Pero ¿qué monstruo es ese que repite el camino de la muerte
dos veces seguidas? El deseo ya no tenía nada que ver, aunque seguía siendo el
motivo de su acción. Debía de haber escuchado detrás de la puerta para
asegurarse de que ella dormía. Sin embargo, no podía estar completamente
seguro. Sabía muy bien que, tras una tensión semejante, lo normal es no
conciliar el sueño. Podría haberse quedado allí, en la oscuridad, al acecho.
¿Por qué decidió correr un riesgo tan desmesurado? Atrapado de nuevo, estaba
perdido y lo sabía, ¿no? O bien, más allá de la torpeza que ella le había
atribuido un poco precipitadamente, ¿era capaz de comprender que, a menos que albergara
una semilla de asesino, la mente ya no aceptaría volver al umbral del infierno?
Si era así, había acertado. La incomprensión ayudó a Tibéria a levantarse y
enfrentarse a él de otra manera. Ya no pensaba en ahuyentarlo. Al menos, no de
inmediato. La luz respondió a su llamada. Relajada, comenzó a hablarle
amablemente, lo tomó de la mano y lo sentó en su cama. Él no daba crédito y
parecía incómodo sobre su sexo, que controlaba mal, ahora que la venganza
grosera del principio había desaparecido. Dicho esto, la deseaba. Ella no pasó
por alto ese pequeño titubeo y, mientras seguía hablándole (a día de hoy, ella
sigue sin recordar de qué), le prodigó pequeñas caricias que le proporcionaron
un alivio casi inmediato del deseo que había estado reprimiendo durante tanto
tiempo. Su insensata ambición era conseguir someterlo sin que él la tocara,
esquivando cualquier caricia, cualquier beso. El asco —general, ella incluida—
la llevaba al borde del malestar, pero logró contenerse y, sin saber muy bien
cuándo ni cómo, lo condujo al cuarto de baño y se despidió de él hasta el día
siguiente. Mitad irritado, mitad subyugado, se marchó y ella supo que no
volvería. Detrás de su ridícula puerta, cerrada por enésima vez, grandes
lágrimas frías resbalaban por sus mejillas mientras recogía sus cosas. Se
marchó al amanecer. El mundo no era triste ni absurdo, solo repugnante.
Silenciosamente, el cubo inició su
partida. Cuando entró en el espejo, vio caer un zapato de niño al otro lado.
Traducción de Fulgencio Martínez
_____
* El relato forma parte de “Le mot du silence” / La palabra del silencio.
NOTA
BIO-BIBLIOGRÁFICA
Simona Modreanu, intelectual rumana, especializada en
el pensamiento de Cioran. Es escritora, profesora y editora. Nació en Iași, ciudad en la que actualmente reside y
dirige la editorial Junimea.
Se
licenció en la Facultad de Letras de la Universidad «Alexandru Ioan Cuza» de Iași. Defendió su tesis doctoral en París, dedicada a Emil Cioran.
Ha
sido directora del Instituto Cultural Rumano de París entre 1999 y 2001. Actualmente
es profesora titular de literatura y civilización francesas en la Universidad
Alexandru Ioan Cuza de Iași.
Entre
sus publicaciones, destacan los libros: Eugène Ionesco ou l’agonie de la
signifiance (2002), Le Dieu paradoxal de Cioran (2003), Cioran
(2004), Lecturi nomade (2006), Lecturi sedentare (2010), Lecturi
infidele (2014), Lecturi fluide (2018), Atomul, o
poveste fără sfârșit.
O poveste transdisciplinară și transculturală (2020), Cioran
ou la chance de l’échec/ Cioran sau norocul neîmplinirii (2021), Basarab
Nicolescu. Omul cosmodern (coord., 2022).
Bibliografía sobre Cioran
de SIMONA MODREANU:
Cioran. Monografía
sobre Cioran (2004, ed. Axus, ver enlace), dentro de la colección Los
extranjeros en París. Los Rumanos. Autora: Simone Modreanu.
Disponible en Amazon. En francés.
https://www.amazon.es/Cioran-%C3%A9trangers-Paris-Simona-Modreanu/dp/2848980079
Le Dieu paradoxal de Cioran
/El Dios paradójico de Cioran. Editions du Rocher. 2003. Autora: Simone
Modreanu. En francés. Disponible en Amazon.
https://www.amazon.es/dieu-paradoxal-cioran-Simona-Modreanu/dp/2268048594
Cioran ou la chance de l’ échec.
/ Cioran o la suerte del fracaso. Editions Unicité. Con grabados de Wanda Mihuleac.
Autora: Simona Modreanu. En francés.
https://www.editions-unicite.fr/auteurs/MODREANU-Simona/cioran-ou-la-chance-de-l-echec/index.php
NOTE BIO-
BIBLIOGRAPHIQUE TRADUITE EN FRANÇAIS
Simona Modreanu, intellectuelle roumaine, spécialiste
de la pensée de Cioran. Elle est écrivaine, professeure et éditrice. Née à
Iași, ville où elle réside actuellement et dirige la maison d'édition
Junimea.
Diplômée de la Faculté des lettres de
l'Université « Alexandru Ioan Cuza » de Iași. Elle a soutenu sa thèse de
doctorat à Paris, consacrée à Emil Cioran.
Elle a été directrice de l'Institut
culturel roumain de Paris entre 1999 et 2001. Elle est actuallement professeure
titulaire de littérature et civilisation françaises à l'université Alexandru
Ioan Cuza de Iași.
Parmi ses publications, on peut citer
les ouvrages suivants : Eugène Ionesco ou l'agonie de la signifiance
(2002), Le Dieu paradoxal de Cioran (2003), Cioran
(2004), Lecturi nomade (2006), Lecturi sedentare (2010), Lecturi
infidele (2014), Lecturi fluide (2018), Atomul, o poveste fără
sfârșit. O poveste transdisciplinară și transculturală (2020), Cioran
ou la chance de l’échec/ Cioran sau norocul neîmplinirii (2021),
Basarab Nicolescu. Omul cosmodern (coord., 2022).